Cela fait 150 ans que ça dure. Depuis l’invention de la « Houille blanche » en 1869 à Grenoble, des générations d’opposants au despotisme de l’électro-industrie ont essuyé l’invective : « - Vous les opposants (passéistes/obscurantistes/conservateurs/écologistes), vous voulez revenir à la bougie ! »
Le mouvement anti-Linky, les pêcheurs du Tréport opposés aux éoliennes en mer et les habitants de Bure contre l’enfouissement de déchets nucléaires sous leurs pieds, font partie parmi tant d’autres de cette dernière vague d’humains à se faire ainsi apostropher par les Seigneurs du Progrès. À force, on finit par se demander si l’électrification de nos vies, de nos villes et campagnes, à l’échelle nationale et globale, fut un tel bienfait, et pour qui.
C’est ce que nous avons tâché de savoir, à partir de l’exemple grenoblois et de sa société emblématique, Gaz et électricité de Grenoble, fondée en 1903. Surprise. Nous avons découvert des paysans hostiles aux ravages des campagnes. Des citadins rétifs à la consommation et à l’électroménager, des populations indifférentes au « progrès », que les technocrates durent vaincre et convaincre à coup de lois, d’expropriations, de vente forcée, de propagande.
Aujourd’hui, peu de fanatiques oseraient soutenir que l’électro-industrie fut un bienfait pour la nature. De plus en plus de gens réalisent également le coût social et humain de la Sorcière Électricité. En fait, si l’on additionne les milliards d’heures de travail gaspillées à produire, transporter, consommer de l’électricité et les appareils pour l’utiliser, il se pourrait qu’elle nous ait coûté beaucoup plus d’énergie qu’elle ne nous en a apporté.
Cent cinquante ans après l’invention de la Houille blanche, Internet et le big data, la smart city, les objets connectés et la 5G, bref la vie numérique nous entraîne dans un nouveau cycle vicieux, suivant les mêmes procédés et avec des effets encore pires.
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Lire aussi :
• Sous le soleil de l’innovation, rien que du nouveau !, Pièces et main d’œuvre (L’Echappée, 2013) et ici
• Dans les filets de Linky, Pièces et main d’œuvre (2013-2018) : Pièce détachée n°79 (voir ici)
• Le mythe noir de la Houille blanche, Pierrette Rigaud (2011)